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Un bal

dimanche 23 janvier 2011

C’était le plein hiver à Vienne et tout ce que la ville comptait de grande et de petite noblesse, de fonctionnaires amateurs de whist, d’officiers à la moustache cirée dans leurs uniformes d’apparat, de veuves conquérantes et de jeunes filles à marier dans leurs plus beaux atours était réuni au palais impérial pour danser, jouer aux cartes et s’informer des dernières nouvelles de la haute société. Mais, sur le parquet, tout le monde n’avait d’yeux que pour un couple magnifique formé par la comtesse C. aux yeux de saphir et au capitaine A. qui devait partir rejoindre son régiment le lendemain. Aussi tous deux profitaient de cette soirée et tournoyaient infiniment au milieu des regards ravis du public ébahi par tant de grâce et d’agilité. Tandis que la comtesse arrondissait les bras de manière admirable, le capitaine claquait des bottes et levait les mollets avec un entrain incomparable.

Mouais, bon. C’était pas tout à fait comme ça en réalité. Mais le fait d’assister à un bal à la Hofburg reste assez marquant. On se rend compte qu’on touche à ce que la tradition viennoise a de plus sacralisé et ce n’est pas peu dire dans une ville où l’imaginaire collectif est fortement resté attaché au passé. L’arrivée des invitées en longues robes de bal permet de comprendre pourquoi les grands magasins ont un rayon dédié à ce genres de tenues.

Le bal, un des nombreux qui se tiennent en début d’année, est organisé par les pâtissiers, ce qui donnera lieu à des concours de décorations de gâteau. discipline hautement révérée en Autriche. Ici la pâtisserie, c’est aussi un art visuel.

Le bal est ouvert par la jeunesse dorée de Vienne, danseuses en robes blanches (seules celles qui ouvrent la danse ont le privilège d’en porter) et danseurs en smokings. Une bonne part du programme musical dans la grande salle de bal est consacrée aux valses dont certains couples ont une maîtrise assez superbe.

Plus tard, la grande salle sera le théâtre d’un quadrille réunissant environ 800 personnes. Le quadrille est conduit par un homme qui ordonne les pas à faire, aux cris de « tournemain ! » et autres « galopp ! », et les pas sont montrés sur une estrade par des professeurs de danse. Le résultat est assez chaotique mais reste assez impressionnant dans son ensemble.

Il y a d’autres salles, avec d’autres ambiances musicales et quelques bars. C’est là qu’on arrive à ce qui nous semble être la synthèse de l’identité autrichienne : des femmes en robes de bal qui se reposent après une valse en mangeant de la saucisse et en buvant de la bière

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