On me demande souvent « mais qu’est-ce que tu fous au juste ? » ou « mais c’est quoi cette histoire de crânes de singes ? », que, bon, je me suis dit « bon, ben, je vais l’écrire une fois pour toutes », comme ça je pourrais y renvoyer les gens. Et puis en analysant cette idée, je me suis rendu compte que je disais trop souvent « bon ».
Du coup ce post sera ptet pas très rigolo, que voulez-vous, on peut pas être drôle à tous les coups. On s’en était déjà rendu compte.
Alors doncque, voilà. Je participe à un projet européen d’anthropologie virtuelle, composé d’une quinzaine d’universités et de compagnie et qui embauche des doctorants ou des post-doctorants pour faire avancer un bon coup l’anthropologie virtuelle. L’anthropologie virtuelle, c’est l’étude de tout ce qui a trait à l’homme, avec des outils futuristes comme un écran et une souris. On est donc une vingtaine de jeunes plein d’avenir embauchés dans les divers membres européens pour faire avancer ça un bon coup.
Les autres objectifs du projet sont notamment de faire voyager ces mêmes jeunes pour créer une génération de super chercheurs européens multilingues et capables de se fondre dans la foule, et également de les former dans plusieurs secteurs à la fois (anthropologie et virtuel).
Ca c’est l’utopie. En pratique, on est 3 non-anthropologues pour 18 anthropologues, ce qui fait que le côté anthropologie avance bien, mais le côté virtuel, c’est pas terrible. En vrac, on trouve un primatologue, un spécialiste de la mastication (un masticationologue), un biostaticien, un spécialiste de la mâchoire (un mâchoirologue), un spécialiste de l’intérieur du crâne, j’en passe et pas forcément des meilleurs.
J’ai donc été vaillamment embauché par une boîte allemande qui fabrique des scanners 3D pour développer des outils qui aideront mes amis anthropologues. Ils font des jolis scans 3D et je fais des super algorithmes pour la visualisation, la mesure, etc. Ce qui les intéresse en particulier c’est de faire des ACP sur des ensembles de points (appelés « landmarks »), et je fais donc de la géométrie pour l’extraction et la mesure de ces points. Je fais du morphing pour comparer des objets entre eux. Et puis je fais du texture mapping (cette foutue fonction marche enfin, alors je vais pas me gêner pour en parler) pour qu’ils fassent des jolies présentation dans les musées.
Oui, mais, bon, je suis inscrit au département d’anthropologie de Vienne pour ma thèse, alors il faut aussi que je fasse de la recherche dans ce domaine. Alors on a des réunions marrantes à Vienne avec des professeurs célèbres, pour me trouver une application dans mes cordes, et on est arrivé à pondre un thème grandiose qui devrait me valoir un prix Nobel dans 3 domaines différents, la médaille Fields, le prix Goncourt et la médaille du sauvetage.
L’idée serait de scanner des statues des membres de la famille des Habsbourg, et de faire une étude sur leur problème de prognathisme (leur gros menton), et au final de voir si les sculpteurs sont des gens honnêtes, étudier le phénomène génétique derrière tout ça (avec les arbres généalogiques carabinés), éventuellement d’aller scanner le roi Juan Carlos pour le comparer à ses ancêtres, mais ça c’est pas sûr. Avec quelques ACP là-dedans pour bien faire.