Au nord du Pays de Galles, au milieu de lieux à consonance bizarre – enfin, consonance, c’est vite dit, on n’a aucune idée comment des noms comme « Llanrwst » peuvent bien se prononcer, mais on imagine que c’est bizarre. Au mieux – s’étend le parc national de Snowdonia, réputé pour être un havre de randonneurs et de montagnards. Et nos collègues (anglais) d’essayer de nous terrifier : « Ah le Snowdon, je l’ai fait une fois, j’ai failli crever ! Et j’ai vu de mes propres yeux une famille entière s’écrouler d’épuisement à cause du manque d’oxygène. N’y allez pas étranger, n’y allez pas ! » En tant que bons petits Français bien arrogants, nous rîmes en écoutant ça. « Ahah, pauvres fous, des montagnes culminant à 1085 mètres ! Des collines, oui ! Allez on va vous grimper tout ça et on sera de retour pour le brunch. »
Bien, avant qu’on ait des lecteurs anonymes qui se répandent en insultes, on va quand même préciser qu’on était partis là-bas en premier lieu pour profiter des beautés du parc national, et pas seulement pour rabattre le caquet de tout un peuple, mais si on pouvait faire les deux à la fois, pas de raison de s’en priver.
Nous arrivons à Betws-y-Coed, petit village de Bed and Breakfast, niché dans les collines et au détour d’une rivière chantante en même temps. Petite marche le premier jour dans les environs, joli paysage de collines boisées, de lacs et de prairies, mais ce n’est qu’un en-cas avant de nous préparer pour le Snowdon, qui est la sortie obligatoire pour toute personne mettant un pied dans le parc national.
Sortie le lendemain pour le Snowdon lui-même. Il y a des guides de montagne qui expliquent à des groupes de marcheurs comment lire les prévisions météo : « Attention le risque numéro un, aujourd’hui c’est les coups de soleil. » Ah ben oui forcément. Les guides ne doivent pas avoir la vie trop dure, le sentier de randonnée est une autoroute pour touristes. Certains ont déjà anticipé et acheté le T-shirt « I climbed Snowdon », histoire d’en mettre plein la vue à leurs amis lors de leur retour. « Non, t’as VRAIMENT grimpé le Snowdon jusqu’au bout ? ». On imagine l’émoi que de telles affirmations peuvent provoquer. On aurait du mal à y croire nous-mêmes.
Trêve de galéjades, quand on arrive aux environs du Snowdon, on se croirait vraiment à la montagne, on peut leur accorder ça. Des petites montagnes, mais des montagnes quand même. Et donc oui, c’est vrai, nous avons fait de la randonnée en montagne au Royaume-Uni, qu’est-ce que vous dites de ça ? Bon on va pas se mentir, le Snowdon, c’est pas le K2, mais en partant de 300 mètres d’altitude, on a droit à un bon petit dénivelé. Et surtout à de très belles vues sur les environs et sur les quelques lacs de montagne (si si) qui parsèment le parc. Une bonne suée donc, et l’agréable sentiment d’avoir eu à se battre un peu pour mériter la vue du sommet, malgré le vent à décorner des boeufs qui y soufflait.
Mais le Pays de Galles, ce n’est pas seulement des montagnes, c’est aussi des châteaux-forts, des plages et plein d’autres trucs, mais comme le jour suivant on est allé à Conwy, on ne parlera que des châteaux-forts et des plages. À Conwy, il y a un château-fort et une plage.
C’est très bien nous direz-vous, mais est-ce tout ? Et nous vous répondrons que pas du tout, et qu’outre ce château-fort classé patrimoine mondial (bâti par Edward I, joliment surnommé le « Marteau des Écossais », on se demande bien pourquoi vu qu’il a construit ses châteaux au Pays de Galles) et cette plage, la cité fortifiée comporte quelques autres restes historiques, comme une très sympathique maison élizabéthaine répondant au nom de Plas Mawr, et plus anecdotiquement, la plus petite maison de Grande-Bretagne. Mais surtout, la ville donne sur la baie de Conwy, qui est en soi un spectacle qui mérite de s’attarder à le savourer. Et alors nous direz-vous ? Et nous vous répondrons que voilà, c’est tout pour aujourd’hui.