Archive for juin 2011

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L’exarchat botté

mercredi 15 juin 2011

Prenez une minute pour relire le jeu de mots du titre s’il vous plaît. Parce que là, hein. Ouais bon ça se prononce «exarkat». Mais enfin tout de même.

Donc Ravenne a été prise par les Byzantins au VIème siècle qui y ont fait ce qu’ils savaient faire, c’est-à-dire se pavaner avec un comportement schimastique dans des habits en soie, griller des saucisses sur du feu grégeois, plaquer d’or tout ce qui rentre dans une bassine, et paver de mosaïque le reste. Le résultat est au rendez-vous, on rentre dans une église, on lève la tête, et on voit une belle mosaïque dorée. Du beau travail, bien soigné, qui fait plaisir à voir.

À part ça, Dante est enterré à Ravenne, vu qu’il s’était fait exiler de Florence parce qu’il n’aimait pas trop le pape. En signe de repentance, les Florentins paient l’huile qui brûle dans la lampe près de la tombe du poète (de quoi faire une vinaigrette par an, à peu près). Les Florentins se foutent du monde, oui. Mais ils ont une bien jolie ville, alors on leur pardonne.

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Le soleil jour et nuit dans les cieux d’Émilie-Romagne

dimanche 12 juin 2011

Torricelli, mathématicien italien du XVIIème siècle né à Faenza (et également homme de principes), fut le premier à décrire la trompette de Gabriel, figure qui a l’intéressante particularité d’avoir une surface infinie mais un volume fini. Dans une lettre écrite à Roberval en 1643, avec un style qui ne dépare pas sa moustache en croc, Torricelli nous livre cet intéressant témoignage à ce sujet :

Cher et illustre collègue,

[…] à propos du solide hyperbolique aigu [la trompette de Gabriel], je porte à votre attention le fait qu’il est théoriquement possible, eu égard aux intéressantes propriétés mathématiques de cet objet, de créer un cornet de glace avec une quantité de gaufrette infinie et qui contiendrait un volume fini de glace stracciatella-fraise […]. Les bénéfices en termes d’économies, vu l’augmentation du ratio gaufrette-glace, seraient énormes […] me faire plein de fric […] me barrer aux Seychelles […]. Je souhaite confier la réalisation de cette expérience à un mien ami glacier de Brisighella dans les plus brefs délais […]

Anecdote intéressante, mais vraisemblablement sans relation, Torricelli mourut peu de temps après étoufféingestion massive de biscuit» suggéra le médecin qui l’examina).

C’est sur la foi de ce document que nous partîmes à Faenza démêler le vrai du faux et percer le secret de la glace infinie de Torricelli. Enquête.

Faenza, petite ville de Romagne, est le berceau de la faïence et de Laura Pausini. La ville est divisée en cinq quartiers, marqués par des armes et des couleurs distinctes, et qui s’affrontent lors d’un Palio, où des cavaliers concourent dans un jeu d’adresse, pendant que leurs supporters essaient de battre des records de mauvaise foi pour défendre leur représentant avant de songer à transformer la fête en émeute. Les quatre quartiers centraux se rejoignent sur une place généralement ensoleillée où l’on peut prendre un café en maudissant l’incurie du gouvernement (d’autres sujets de conversation sont théoriquement possibles, mais peu pratiqués). Faenza est également célébrée pour un petit restaurant caché dans un coin où l’on peut manger le meilleur steak de tous les temps (le sujet est trop sérieux pour plaisanter : il s’agit vraiment du meilleur steak que j’aie jamais mangé, je tiens à remercier le cuisinier anonyme qui l’a préparé, ainsi que le boeuf qui a donné de sa personne pour me faire connaître ce moment de bonheur. Merci l’ami, tu resteras pour toujours l’argument irréfragable à opposer aux végétariens qui essaient vainement de me convaincre qu’une bonne rigolade vaut un beefsteak). Vous l’aurez compris, Faenza est un lieu bien sympathique pour poser ses valises dans la région et profiter du calme d’une petite ville peu touristique mais pleine de charme. Torricelli l’avait bien compris, d’ailleurs.

À quelques kilomètres de là, le village de Brisighella se dresse au milieux des collines. Chaque coin de rue offre une vue de carte postale qui ferait pleurer d’émotion une héroïne stendhalienne. Et puis il y a une réunion de Fiat Barchetta sur la place principale, sous les ombres paresseuses des maisons décrépites. Encore un cliché de plus et nous allons défaillir de joie. C’est aussi ici que d’après nos contacts sur place, on mange la meilleure glace (de Brisighella, je crois). Et effectivement la glace est délicieuse, mais le secret du cornet de glace de Torricelli est bien perdu, lui.

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Florence

dimanche 5 juin 2011

Les Italiens ont beau être un peuple qui a tendance à porter des lunettes à outrance (je ne le prétends pas, je l’affirme), on peut leur reconnaître qu’ils savent comment vivre.

Prenons l’exemple de Florence. Sur le papier une ville magnifique, remplie d’histoire jusqu’à la glotte, des anecdotes de gloire et de trahisons à chaque coin de rue, bien. Mais en réalité, il y a bien davantage que la magnificence du Duomo (quoique ce soit du beau boulot), les oeuvres de la Galerie des Offices (d’ailleurs on n’a même pas pris le temps d’y aller), ou le charme folklorique du Ponte Vecchio. Il y a le plaisir de se promener sans but dans les petites rues, de découvrir dans un coin délaissé par les touristes un restaurant où on peut manger divinement, de pouvoir trouver des glaciers à chaque coin de rue et de prendre le soleil le long de l’Arno.

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Le pays merveilleux

dimanche 5 juin 2011

Étonnamment ce mois de mai en Angleterre a été plutôt pluvieux et froid, avec des températures dépassant rarement le 15°C… alors pour prendre un peu de soleil nous partons direction l’Italie, pour voir des amis français, anciens Viennois qui ont eu la bonne idée de s’expatrier au soleil, pas comme nous quoi. Ah l’Italie ! J’en pleurerais tellement c’était bien. Tout ce qu’on a pu vous dire à propos de l’Italie, eh bien tout ça est vrai. Myriades de vélos dans les rues étroites mais toujours ombragées car flanquées de maison hautes, magasins de luxes dans toutes les villes, moyennes ou grandes (faut bien acheter son Prada ou Gucci du mois), gastronomie simple mais à tomber par terre, population paresseuse – à la conduite autoroutière plus qu’approximative – vivant sur les acquis d’un passé glorieux. L’autoroute entre Bologne et Rimini par exemple suit le tracé de l’ancienne voie romaine et c’est dans ce coin que nous avons traîné nos savates.

Que dire de Bologne ? Chose remarquable : les arcades qui sont présentes tout au long des rues du centre ville. Quelques rues piétonnes ou se reflète la couleur orangée des façades, centre commercial dédié au luxe, grande place avec une statue, une grande tour qui est de travers (comme toutes les grandes tours que nous verrons par la suite), et surtout, il fait BEAU, soleil, soleil, soleil !