Archive for the ‘Nos voyages’ Category

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Très gentil éclaireur

samedi 21 septembre 2013

Retour dans le Peak District, pour un aperçu rapide du point culminant du parc national, le Kinder Scout (étymologie sujette à débat mais probablement rien à voir avec des scouts qui mangent du chocolat). Contrairement à d’autres sommets des alentours qui forment de beaux points culminant reconnaissables de loin avec une physionomie bien définie, le Kinder Scout est un plateau tout plat qui s’aplatit platement sur quelques kilomètres de côté. On s’y perd facilement dans le brouillard, on disparaît dans des tourbières, on fait des chutes depuis les bords, c’est amusant.

En 1932 cependant le Kinder Scout a été le théâtre d’une petite révolution, lorsque plusieurs milliers de travailleurs de Manchester décidèrent de s’assembler sur le Kinder Scout pour protester contre l’absence de liberté de randonner en Angleterre et au Pays de Galles. Les terres appartenaient (et appartiennent encore) à des propriétaires privés qui ne toléraient pas l’accès à ces grands espaces vides par des marcheurs. Ce « mass trespass » et les violences qui suivirent entre marcheurs et garde-chasse provoqua la création, seulement 68 ans plus tard du « Countryside and Rights of Way Act » qui garantit le droit d’accès à la nature à chacun. Même les pauvres.

Après une montée en solitaire en mai dans un brouillard opaque à rendre jaloux un discours de porte-parole de parti politique, et qui avait valu à notre courageux randonneur à des merveilles de navigation pour parcourir 3 km en 2 heures en manquant d’être englouti par des tourbières à de multiples reprises ; la petite famille est revenue au complet vaincre ce sommet, le point le plus haut du Peak District, le point le plus haut du Derbyshire, le point le plus haut d’Angleterre au sud de York et qui n’est pas à cheval avec le pays de Galles, culminant à plus de 25000 pouces d’altitude. Tous ces faits sont très impressionnants.
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Yorkshire Dales

jeudi 19 septembre 2013
Un peu de géographie pour commencer aujourd’hui, car l’éducation des masses ignorantes est le noble objectif auquel je me voue. À mi-temps seulement car trouver des remarques condescendantes m’occupe déjà pas mal.

Notre bien-aimé Peak District forme la partie méridionale des Pennines, une chaîne montagneuse qui s’étend du centre de l’Angleterre jusqu’au nord en s’élevant progressivement à mesure qu’elle se rapproche de l’Écosse, en culminant au Cheviot (815 m). Principalement calcaire, et couvert de grottes, le massif des Pennines forme une de ces oasis de calme dans une Angleterre très densément peuplée, ce qui a permis la création de plusieurs parcs nationaux dans ces collines : le Peak District donc, mais aussi les Yorkshire Dales et le parc national du Northumberland. À noter que les Pennines sont traversées par un chemin de grande randonnée intelligemment appelé Pennine Way, fort couru par les amateurs de randonnée sous la pluie (ailleurs connus sous le noms de Britanniques).

Sans transition, nous nous retrouvons dans le sud des Yorkshire Dales. Le paysage rappelle le Peak District, mais les vallons sont plus encaissés, les collines plus hautes et plus découpées. Les routes sont ridiculement étroites et pentues.

Nous passons la première journée du côté de Malham, d’abord à Malham Cove, le site d’une cascade asséchée qui a laissé derrieère elle un beau paysage calcaire de falaise et de lapiaz. Après-midi autour de Malham Tarn, petit lac dans les landes. C’est plat comme paysage les lacs, mais il y a des amateurs pour les grandes surfaces planes aqueuses. Ne leur jetons pas la pierre.

Le deuxième jour, nous nous proposons de monter sur le Pen-y-Ghent, l’une des grandes collines qui se découpe dans le ciel des environs. Certes le Pen-y-Ghent ne culmine qu’à 694 mètres, mais la colline a l’air colossale dans le brouillard matinal. Elle fait partie des Yorkshire Three Peaks avec l’Inglebourough (723 m) et le Whernside (736 m), trois collines qu’il est possible d’enchaîner dans la même journée (compter une quatorzaine d’heures quand même). Ceux qui terminent ce challenge ont le droit de porter une cravate aux couleurs des trois peaks. La cravate est moche mais la performance respectable. Belle randonnée en tout cas le long de la Pennine Way.

Notre dernier jour nous emmène autour de l’Ingleborough traverser quelques forêts et voir quelques cascades. Toujours jolies, parfois grandioses, les cascades jouissent d’une excellente réputation au sein de notre petite famille.

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Montagnage, colline montage et alpinage

jeudi 25 avril 2013

L’excitation dans les cercles de l’alpinisme britannique est indescriptible, à la suite de la promotion du Thack Moor au rang de montagne. Il s’agit de la 254ème montagne anglaise. Une nouvelle mesure vient en effet de démontrer que le sommet dépasse les 2000 pieds, l’altitude requise pour bénéficier de l’appellation de montagne. 2000 pieds, soit 609.6 mètres. Les offices de tourisme locaux précisent que cette accession au rang de montagne va encourager le tourisme, et notamment la venue de valeureux trompe-la-mort bien décidés à ajouter un sommet à leur liste d’accomplissements périlleux (K2-Annapurna-Thack Moor).

Je m’étais promis de ne pas me moquer et de remettre tout cela en perspective. Encore raté.

Il y a quelques jours, un de mes collègues partant en randonnée dans le Lake District, au nord de l’Angleterre, me demandait mon avis – apparemment en haute estime auprès des amateurs de randonnée, sans doute à cause d’un amalgame avec ma connaissance extensive en matière de fromages montagnards – sur la pertinence d’acheter un piolet en plus de ses crampons à glace pour son voyage. Sachant que l’Angleterre culmine au Scafell Pike dans le Lake District à 987 mètres, je lui ai involontairement ri au nez. Pour moi cela participait de la tendance excessive qu’ont les Britanniques, et les Anglais en particulier, à soigner leur complexe d’inferiorité en ce qui concerne les altitudes de leurs reliefs en surévaluant les difficultés qui se présentent à eux. À ce sujet, voir comment nous avons vaincu le Snowdon gallois (et les doigts dans le nez encore).

À son retour mon collègue m’a précisé qu’il était resté bloqué à 800 m en l’absence d’un piolet et d’une corde. Typique délire de puissance, me dis-je. Bientôt il va me dire que sa cordée est tombée dans une crevasse à 400m dans la montée, en face du pub.

 J’ai un a priori difficile à vaincre selon lequel en dessous de 1500 mètres on ne parle pas d’alpinisme mais de promenade. Et pourtant, l’alpinisme moderne a bien été créé par les Britanniques (la fondation de l’Alpine Club à Londres en 1857 marque les débuts des clubs d’alpinisme) et ce sont des Britanniques qui ont le plus largement contribué à défricher les cimes des Alpes (Whymper ou Mummery par exemple) et des Pyrénées (citons Russell) au XIXe siècle. On pourrait être tenté de rapprocher ça des dingueries exploratoires de l’Empire, mais aujourd’hui encore les alpinistes britanniques brillent régulièrement en faisant des clowneries jamais faites auparavant à quelques milliers de mètres d’altitude.

Bon mais alors, comment leur vient cette fièvre des sommets s’ils ne grandissent plus à l’ombre des terrasses de Darjeeling sous le regard amusé (mais sévère) de leur père à moustaches, fonctionnaire dans un bureau d’enregistrement des Indes ? Et qu’est-ce qui les pousse à répertorier et à classifier la moindre éminence de leur territoire dans une farandole d’appellations cryptiques : Marilyns (montagnes et collines avec une hauteur de culminance de plus de 150m), Hewitts (collines de plus de 2000 pieds avec une hauteur de culminance de plus de 30m) et Nuttalls (idem avec une hauteur de culminance de 15m) – et je passe les moindres Wainwrights, Furths et autres Deweys ? Je rappelle qu’on parle ici de sommets qui ne dépassent pas 1000m en Angleterre, 1100m au Pays de Galles et 1350m en Écosse. Pour un continental, ça manque de dignité. Et au passage, oui, les Britanniques nous appellent des « continentaux » (ou des « Européens »). Alors hein, comment et pourquoi montent-ils partout ?

Je vois 3 axes à ce qui s’annonce comme une analyse sociologique qui fera date, je le sens :

  1. La recherche du défi personnel, qui relève quasiment du vice pour le gentleman britannique. La notion centrale ici, est celle d’achievement, d’accomplissement. Les Anglais parlent souvent de « tick something off a list« , cocher quelque chose sur une liste pour expliquer ce besoin de réaliser quelque chose : on ne va pas à la montagne pour profiter de la vue, on y va pour grimper ce sommet en particulier. Pourquoi pas, après tout. Oui mais une fois qu’on a grimpé tous les sommets disponibles, on fait quoi alors ? En l’absence de difficulté suffisante à la maison, on s’exporte pour voir ce qui se fait ailleurs. C’est-à-dire qu’on va aller voir si les Alpes, ce serait pas un peu plus motivant, malgré la présence de ces insupportables continentaux.
    Alternativement, on invente des règles arbitraires à respecter pour rendre artificiellement difficile ce qui a déjà été fait ; ensuite on exportera également ces règles – ce qui permet d’obtenir dejolly good challenges
    . Ainsi de la popularisation du Clean Climbing en Angleterre, sous-genre de l’escalade où on ne laisse pas de fixation sur les parois. Cette popularisation s’est faite non seulement sous l’impulsion des hippies amoureux de cailloux purs et jolis mais surtout sous celle des alpinistes classiques du Peak District qui trouvaient que les routes à leur disposition devenaient trop faciles s’ils utilisaient des pitons dejà en place. Tout ça pour la beauté du geste, donc. Une fois que la théorie est bien développée, on exporte ça un peu partout et on finit par grimper le Cerro Torre à la dent.
  2. Les conditions climatiques : on se moque mais quand on traverse une nappe de brouillard dans le Peak District à 300m d’altitude et qu’on se retrouve avec 10 degrés de moins de l’autre côté, on est tenté de croire à ces histoires de piolet à 800m. Une fois qu’on a monté des collines écossaises en t-shirt, on peut certainement tenter l’Everest si on a un bonnet et des pantoufles fourrées. Prenez les points 1 et 2 et on arrive à la notion d’ascension hivernale : le Ben Nevis est trop facile à grimper en été ? Qu’à cela ne tienne, on va maintenant le faire en hiver, ce qui demande effectivement un entraînement autrement plus sérieux. L’ascension hivernale du Ben Nevis (1344 m) par certaines routes est considérée être à peine moins difficile que la face nord de l’Eiger.
  3. La tradition : si des types avec des rouflaquettes grosses comme ça sur des vieilles photos en noir et blanc fument la pipe à 6000m dans la cordillère des Andes, on ferait aussi bien de les imiter, après tout on est membres du même club. Pas d’explication rationnelle à ça mais la Reine sera sans doute contente.

Tous ces éléments s’enchevêtrent dans un tournoiement de causes et d’effets réciproques. Le résultat est pour le moins étrange, avec une culture de la montagne largement partagée (avec au choix le mountaineering, le hill walking et l’alpinism) malgré l’absence de véritable chaîne de montagne (correspondant à la définition scientifique : gros truc pointu avec de la neige au sommet), des bonshommes qui vont perdre leurs orteils sur des sommets népalais, mais également d’autres qui montent le Mam Tor (517 m dans le Peak District, 92 m de dénivelé depuis le parking) en suivant un chemin pavé sous un beau soleil estival et qui reviennent le lundi matin à la machine à café en prétendant avoir contemplé la Grande Faucheuse droit dans les yeux.

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Croustillances romaines

dimanche 4 novembre 2012
Rome ! Rome et son héritage culturel, Rome et ses merveilles architecturales, Rome et son réservoir de calembours pour profs de latin, Rome et ses sept collines dont le mont palatin. Pas latin ? Toutes ces années d’étude n’auront pas été vaines finalement.
On peut diviser les attractions touristiques romaines en quatre catégories :
  1. les trucs vieux. On classe dans cette catégorie tout ce qui ressemble à des ruines romaines. En général, c’est gros et on se dit qu’on en fait plus, des choses comme ça. Exemples : le Colisée, les Forums, les colonnes qui traînent un peu partout. Mention spéciale aux thermes de Caracalla qui sont particulièrement en ruine et particulièrement impressionnants à la fois.
  2. les trucs anciens, genre les trucs du pape, églises et cathédrales. Attention aux pièges, le Panthéon appartient aux catégories 1 et 2. Avec une église sur chaque place, on est particulièrement servi pour ce qui est de l’architecture religieuse. On commence par des églises « normales », et puis on va voir les basiliques romaines et en voyant Saint-Jean de Latran ou Sainte-Marie Majeure, on se dit que les églises normales c’est un peu de la rigolade quand même. Et puis on va voir Saint-Pierre et on se dit que les basiliques, en fait, c’est de la rigolade. C’est grand, c’est blanc, c’est propre, c’est beau.
  3. les fontaines où on jette des pièces
  4. la boustifaille, et là arrêtons-nous un peu de plaisanter deux minutes et tâchons de montrer un peu de respect pour cette fête permanente des papilles et des estomacs. C’est beau comme l’antique.
Bonus pour ceux qui ont fait du latin : essayez de retrouver le nom des sept collines de Rome. C’est comme les 7 nains, il en manque toujours un.
Solution : Fainéant, Idiot, Méchant, Trouillard, Bigleux et le Gros.
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La Norvège

mardi 26 juin 2012

La Reine – Vive la Reine ! Vive la Reine ! – fête ses soixante ans de règne – puisse-t-il durer encore soixante fois soixante ans – et nous a accordé dans sa maternelle et majestueuse bonté un jour de congé supplémentaire pour célébrer son jubilé – aussi adamantin que l’éclat des dents royales. N’étant point sujets de sa Majesté, nous sommes allés voir ailleurs si par hasard la gloire de son Altesse Royale passait les frontières et si les peuples barbares vivant sous le joug de roitelets de seconde zone participaient à la joie qui submergeait notre beau pays. Submersion seulement inférieure en quantité à celle provoquée par l’afflux de bière en promotion dans les rayons des supermarchés de notre beau pays. Autre raison qui nous fait temporairement quitter nos îles.

C’est à Bergen que nous nous en allons, au milieu des fjords, des harengs fumés et de la dépression d’Islande. Afin de ne pas remettre en question nos compétences intellectuelles, nous admettrons que nous sommes assez courageux pour partir dans un pays avec un climat encore plus pourri que celui de l’Angleterre. À quelques jours de l’été, les températures vont difficilement décoller au-dessus de 10 C. Mais le jour dure plus de 18 heures alors on se console en se disant qu’on va quand même arriver à synthétiser notre vitamine D sur le long terme. Voilà, tout est une affaire de point de vue. Et puis sinon on a toujours la possibilité de recourir à l’huile de foie de morue. Car Bergen est un ancien port hanséatique et tout ici n’est que poisson polisson et poissonnier passonnié.

Enfin pas tout, quand même. On notera les vieilles maisons en bois du centre historique, qui ont l’air de brûler tous les quatre matins ; le musée d’art de la ville qui propose de belles expositions sur les peintres norvégiens – Nikolai Astrup et ses paysages évocateurs en l’occurrence (« évocateurs » ça ne mange pas de pain comme adjectif, faute de mieux. Mais l’exposition était vraiment intéressante pour un peintre qu’on ne connaissait guère) ; la Stavkirke de Fantoft, réplique d’une église en bois qui semble rappeler davantage le paganisme que le christianisme ; et puis les prix des repas au restaurant qui sont également évocateurs, mais du sac de Rome.

Mais enfin, l’intérêt de la région, c’est surtout les fjords, étirés entre des murailles enneigées ponctuées de cascades. Sacrés paysages, si vous voulez notre avis. Pour ce qui est de la vision sublime de la nature, on est servis. Le Sturm und Drang, si vous voyez. Karl von Moor qui galope sous le tonnerre grondant en écoutant la symphonie no. 25 de Mozart sur son iPod pendant que des amantes éplorées se jettent dans le Rhin par dizaines, ce genre de choses.
Nous parcourons donc les fjords, en train en bus et en bateau, entre les murailles de pierre, le plafond nuageux et les sommets blanchis. Nous montons le long des rivières et redescendons autour des cascades, nous longeons les falaises vertigineuses et suivons les plateaux glacés surplombant les eaux grises. Et bah c’est vachement bien.
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Le désert !

dimanche 25 mars 2012

Silence.

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Dubai

dimanche 25 mars 2012

Si Abu Dhabi est la capitale du pétrole, Dubai est le coeur financier des Émirats. Dubai est arrogante et entrepend de contruire la plus grande tour du monde – tour qui finira d’être financée grâce à l’excédent budgétaire d’Abu Dhabi après la crise financière qui aura mis Dubai à genoux. Même si la revanche est douce pour Abu Dhabi, cela démontre quand même une certaine solidarité entre les différents émirats. Évidemment, c’est plus facile d’être généreux avec ses voisins quand on a une centaine de milliards de dollars disponibles.

Le Burj Khalifa est donc le résultat cyclopéen de cet investissement. À côté, les autres tours du centre ont l’air lilliputiennes, malgrés leur moyenne de 300 mètres d’altitude. Difficile de dire ce qu’on ressent à la vue de cet immense édifice, principalement de l’incompréhension peut-être.

Au pied de la tour, le plus grand mall du monde. Des jeux d’eau qui se déclenchent toutes les 30 minutes dans une ville plantée sur du désert. Au loin, des îles artificielles en sable en forme de palmiers. Partout la démesure achetée argent comptant.

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Dans les ports de Musandam, y a des cailloux qui chantent

samedi 24 mars 2012

Après les richesses d’Abu Dhabi, départ pour les paysages inhospitaliers d’Oman et de la péninsule de Musandam : des pierres, de la poussière, des montagnes dénudées, des rivières asséchées – et encore des pierres. Pourtant on est à quelques kilomètres à peine du détroit d’Ormuz, à travers lequel des hors-bord foncent faire de la contrebande avec l’Iran, et de l’océan indien, mais des qu’on s’éloigne de la côte on se retrouve dans un paysage complètement asséché et découpé. Tout à fait au nord, la péninsule se perd dans un labyrinthe de presqu’îles qui abritent des villages coupés de tout et d’eaux turquoise pleines de poissons chatoyants, comme les dauphins qui sont des espèces de gros poissons rigolos.

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Le lobbying : une activité touristique

jeudi 22 mars 2012

L’hiver en Angleterre n’en finissant pas, nous profitons d’une invitation familiale pour aller nous réchauffer sous le soleil des Émirats. A priori les Émirats n’attirent pas vraiment les touristes backpackers que nous sommes, peut être une étape en stop-over en allant en Inde tout au plus… Mais on nous a proposé un programme alléchant alliant luxe démesuré et aventures en 4×4, montagnes caillouteuses et océan indien alors c’est parti pour une semaine.

L’excitation des vacances commence à la maison ou il faut préparer des valises en allant chercher les vêtements oubliés à la cave et jamais portés en Angleterre. La valise est bien légère et c’est très bon signe ! En arrivant à Abu Dhabi on n’est pas déçus, il fait beau ! En attendant notre chauffeur, la première remarque est que si tu as pas un 4×4 tu es un sous-homme aux Émirats. Bon comme les routes et les parkings sont larges, l’essence presque gratuite (en plus pas la peine de descendre de ta voiture pour faire le plein, quelqu’un s’en charge pour toi) et le désert et pistes pas très loin pourquoi s’en priver ? Hein? Hein ?

Les Émirats « modernes » ayant a peine 40 ans, vieux bâtiments et centres villes historiques n’existent pas, surtout qu’avant le pétrole les Emiratis vivaient tous sous des tentes dans le désert ou à peu près, du moins c’est comme ça que nous nous le représentons. Alors on passe nos après-midis à visiter les immeubles modernes qui rivalisent de luxe et a faire du « lobbying » : siroter un café  dans les lobbies – café apporté par un personnel souriant et bien trop aimable. C’est à ce moment la qu’il faut chantonner « Ah si j’étais riiicheeee la li la la … ». N’oublions pas de mentionner la mosquée d’Abu Dhabi fabriquée aux quatre coins du monde et majestueuse dans la lumière du soir. Marbre blanc de Grèce et d’Italie, pierres semi-précieuses d’Inde et d’Australie. La construction était vraiment un bel exemple de projet transnational avec ses déboires connus. Piliers fabriqués en Chine, résultat : livraison retardée et piliers livrés en morceaux à monter soi-même.

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Sous la neige et sur la steppe

mercredi 9 novembre 2011

En remontant vers le nord, nous abandonnons progressivement la douceur du désert pour rentrer dans le froid de la steppe, la neige commence à tomber alors que nous arrivons à Karakorum.

On n’a pas encore eu vraiment l’occasion de dire grand chose de Genghis Khan, mais comme dans certain autres pays qui ont connu une figure historique particulièrement marquante, la Mongolie voue quasiment un culte à Genghis Khan, et semble vivre dans une certaine nostalgie de la grandeur passée d’un empire immense. La traduction moderne de ce phénomène, c’est que pour lancer une marque de lessive en Mongolie, il faut l’appeler Genghis Khan. Mais en réalité les traces palpables de l’épopée de Genghis Khan sont à peine visibles. Et d’ailleurs, la première capitale sédentaire mongole, Karakorum, n’a pas été fondée par Genghis Khan, mais par son fils Ögödei. Comme quoi on peut faire des digressions assez longues qui n’ont aucun rapport avec le sujet.

Karakorum brille assez peu par son urbanisme. Quelques usines mornes et décrépites se détachent sur un fond de montagnes, le marché – aux trois quart fermé – qui se tient dans des conteneurs de fret aménagés en échoppes est particulièrement déprimant. Mais au milieu de la ville s’étale largement le grand monastère d’Erdene Zuu, avec ses 108 stupas qui le closent et ses temples couverts d’un manteau de neige.

Encore un monastère bouddhique, certes, et si celui-ci n’a pas la somptuosité de certains monastères chinois ou le mysticisme des temples japonais, celui-ci vaut largement plus qu’un simple détour. D’abord pour son evironnement, parce que le spectacle des boiseries et des tuiles colorées qui se détachent sous la neige, devant une muraille de montagnes, est impressionnant. Et puis parce que les décorations intérieures, les bouddhas, les peintures sur soie, les tissus chammarrés sont encore plus fins que l’exterieur légèrement fatigué pourrait laisser penser. En dehors du temple, on peut tomber sur une grosse tortue de pierre (tortue, faute de meilleure description) qui marquait l’emplacement d’une des portes de la ville.

En sortant de Karakorum, nous continuons à suivre l’immensité de la steppe entre diverses barrières granitiques, une vision toujours aussi fabuleuse.

Notre dernier arrêt avant Oulan-Bator se fera au milieu du parc naturel du Khustai qui sert de planque aux chevaux de Przewalski.