Comme on est une super entreprise qui veut aller loin et laisser sur place ces ordures de chez GOM, on a droit à des excursions pour renforcer notre motivation, mieux travailler, vendre plus, et finalement enrichir notre vénéré patron. Tout ça se répercute à la fin de l’année par des augmentations de salaire qui endorment l’esprit révolutionnaire de l’employé et permettent au capitalisme d’écraser dans l’œuf toute envie de revendication. Comme j’ai pas l’âme révolutionnaire, ben du coup j’ai pas d’augmentation, moi (parce que la Commission Européenne a beau être gentille, elle a ses limites).
Avant de partir, il y a eu un vote démocratique qui nous permettait de choisir le but de l’excursion :
1/ faire du canoë (22 voix pour)
2/ partir en randonnée (14 voix pour)
3/ aller faire un tour en train en vapeur et visiter une ferme d’autruches (2 voix pour).
Comme notre vénéré patron a voté pour la troisième proposition, eh ben on est parti faire notre tour en train.
Le train s’appelle le Sauschwänzlebahn, littéralement le train de la petite queue de cochon, parce que, eh ben parce qu’il est en forme de queue de cochon. Il part de Blumberg, près de Schaffhausen et tire-bouchonne donc à travers quelques viaducs et tunnels, dont l’un a la particularité de faire un tour complet (en s’élevant évidemment, sinon ça marche pas).
Comme on est en Allemagne, il va de soi qu’on prend de quoi boire et manger dans le train, mais attention, aujourd’hui c’est fête alors les saucisses et le prosecco sont remplacés par des bretzels et du sekt-orange (du mousseux avec du jus d’orange, eh oui on dirait une hérésie, mais leur mousseux est suffisamment mauvais pour mériter un tel traitement).
Voyage agréable, on en retiendra que, dans les tunnels, lorsqu’on est en train à vapeur, on peut économiser un jeton de laverie en ne voyageant pas sur les marchepieds. Comme on est dans une entreprise d’optique tout le monde a sorti son reflex et ça discute dur sur les caractéristiques des capteurs CCD. Bon évidemment, notre diabolique (mais vénéré) chef en profite pour faire dévier la conversation sur le travail, et, bim !, c’était trop beau, me confie une nouvelle tâche (une vague histoire de texture mapping, pour ceux que ça intéresse). Je comprends pourquoi personne ne lui parle, dès qu’on est gentil avec lui, il en profite pour nous refiler du travail.
Tout ça est fort intéressant, mais la contemplation ne nourrissant toujours pas son homme, malgré les progrès, nous partons donc visiter cette fameuse ferme d’autruches, où on nous a promis de manger (et une présentation PowerPoint, mais bizarrement ça nous excite beaucoup moins). Repas sympathique, nous mangeons donc de l’autruche, après tout c’est jamais qu’un gros poulet.
L’occasion de montrer mes gentils collègues :
A gauche, mon vénéré patron, qu’il soit mille et mille fois heureux, accessoirement avec des gens qui sont de bons employés qui font en sorte de tout le temps lui sourire (il va leur arriver des bricoles).
Des collègues en train de se moquer de moi (en général, soit les gens travaillent, soit ils se moquent de moi, surtout le responsable réseau avec son t-shirt du Brésil, là), avec tout à droite, mon chef de service.
Et puis donc moi-même avec mon chef (tout le monde est mon chef dans cette boîte) qui se paie ma fiole.
Et puis d’autres collègues.
Après avoir bien mangé, direction la visite des autruches, parce que bon, hein, la culture c’est important. On en retiendra rien, parce qu’on écoutait pas. Juste que les autruches, ça a l’air aussi intelligent qu’un gros poulet. Décidément ces clichés ont la vie dure.
Pour finir en beauté cette journée, paf une présentation de la stagiaire (ah tiens, non elle c’est pas mon chef) qui nous raconte comment elle est partie faire une campagne de scans en Mongolie, ce qui avait l’air d’être un sympathique roadtrip. Dommage, ça a plus tendance à énerver les gens qui auraient voulu partir à sa place. Moi au moins j’ai le bon goût de ne voyager que dans des endroits qui ne font pas rêver : voilà le secret.